Сегодня ты увидишь детей и совершишь всякого рода неверности по отношению ко мне. Но берегись, скоро наступит и мой черед. Тем не менее обними их за меня, моих счастливых соперников, и прочих тоже.

Доброй ночи. Я ложусь спать. Может быть, только ради того, чтобы прервать храп дожидающегося меня Щуки, который, боюсь, охотно бы обошелся без удовольствия помогать мне укладываться. Доброй ночи, моя милая кисанька.

Тютчевой Эрн. Ф., 7/19 сентября 1841

65. Эрн. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 7/19 сентября 1841 г. Веймар

Weimar. Ce 19 sept 1841

Ma chatte chérie, je rentre à l’instant d’un grand dîner de chez la Gr-Duchesse, donné en l’honneur du Pce Royal de Bavière, arrivé de je ne sais où et se rendant quelque part, que j’ai vu tout à coup apparaître, accompagné de son monde, Zoller, le doucereux Vaublanc, etc. etc. Il faut savoir qu’ici, l’unique ptemps, c’est de dîner chez la Gr-Duchesse, etc. etc. Après tout, c’est un ennuyeux séjour — et il me tarde de pouvoir dire de W: j’y ai été.

C’est hier matin, ma chatte chérie, que j’ai reçu ta lettre. C’était une renaissance de nos temps mythologiques — le même format de lettre, la même suscription, la même écriture — mais grâce à Dieu, les ressemblances s’arrêtent là. Combien j’aime mieux le présent.

Je voudrais mettre un peu d’ordre dans ma lettre, mais cela m’est impossible. Je rentre du dîner. Il n’y a au fond du remarquable ici que la Grande-D, pour celle-là, je voudrais que tu la connaisses. Elle est tout à fait grande dame et c’est plaisant, comme un malentendu, que de la voir avec ses allures grandioses au milieu de toute cette mesquinerie provinciale et pédante de W. Elle m’a fait un accueil des plus aimables. J’ai dîné chez elle le surlendemain de mon arrivée. Le jour d’après j’y ai passé la soirée. C’est un peu moins gai que les soirées de <1 нрзб>, mais c’est tout aussi digne.

Je connais déjà à peu près tout le monde ici et je ne puis faire cent pas dans la rue sans rencontrer une figure dont je sais le nom. Pense, si c’est amusant. Aussi j’ai hâte de m’en aller. Il s’agit maintenant de vaincre l’opposition des Maltitz qui se sont imaginés, je ne sais pourquoi, que j’étais venu dans l’intention de passer quelques semaines auprès d’eux! Ah, bien, oui! Quant à moi, j’avais compté que je pourrais les entraîner à Leipsick où la foire vient de commencer et de là par le chemin de fer à Dresde. C’est bien là aussi leur désir. Mais les scrupules de tout genre dont ce pauvre Maltitz est hérissé, feront échouer ce projet. Il y a le 30 de ce mois je ne sais quel anniversaire, qui le cloue à Weimar — et tu penses bien que je ne suis nullement disposé à l’attendre… D’ailleurs te le dirais-je? Je ne me plais pas assez dans leur société pour me reléguer à m’ennuyer pour l’amour d’eux: la bonne Clotilde est toujours cette nature âpre et revêche pour le monde entier, autant qu’elle est idolâtre de son mari. Or, si l’adoration me gêne, quand j’en suis l’objet, elle m’ennuie profondément, quand je n’en suis que le témoin. Quant à Maltitz, l’ennui du séjour qui n’est pas audience a surexcité ses nerfs au dernier point et, à la gentillesse près, il est parfois fantasque comme un enfant malingre.

Перевод

Веймар. 19 сентября 1841

Милая кисанька, я только что вернулся от большого обеда, который великая герцогиня давала в честь кронпринца Баварского, прибывшего невесть откуда и отправляющегося неизвестно куда; я видел только, как он внезапно вошел в сопровождении своей свиты, Цоллера, слащавого Воблана и пр. и пр. Надобно знать, что единственное развлечение здесь — это обеды у великой герцогини и пр. и пр. В конце концов, это скучно, и мне не терпится сказать о Веймаре: я там был.

Вчера утром, милая кисанька, я получил твое письмо. На меня пахнуло нашими сказочными временами — тот же размер листа, та же надпись на конверте, тот же почерк — но, слава Богу, на этом сходство и кончается. Насколько больше я люблю настоящее.

Мне бы внести больше порядка в мое письмо, но это невозможно. Я вернулся от обеда. В сущности, здесь нет ничего примечательного, кроме великой герцогини, я бы хотел, чтобы ты с ней познакомилась. Она настоящая великосветская дама, и нелепо, словно она здесь по недоразумению, видеть ее, с величественными манерами, среди ничтожного провинциального и педантичного веймарского окружения. Она оказала мне самый любезный прием. Я обедал у нее через день после моего приезда. Назавтра я провел у нее вечер. Это не так весело, как на вечерах у <1 нрзб>, но столь же достойно.

Я уже знаю более или менее всех здесь и не могу пройтись по улице, чтобы не встретить человека, которого знаю по имени. Подумай, как это весело. Еще и поэтому я спешу уехать. Теперь предстоит только преодолеть сопротивление Мальтицев, которые невесть почему вообразили, будто я приехал сюда с намерением провести рядом с ними несколько недель! Как бы не так! Что до меня, я понял, что мог бы увезти их в Лейпциг, где только что открылась ярмарка, а оттуда по железной дороге в Дрезден. Это и их желание тоже. Но сомнения всякого рода, терзающие беднягу Мальтица, не позволяют этим планам осуществиться. 30 сентября состоится какая-то годовщина, удерживающая его в Веймаре, — и ты понимаешь, конечно, что я ничуть не расположен дожидаться его… Впрочем, что тебе сказать? Я не настолько наслаждаюсь их обществом, чтобы приговорить себя к скуке из любви к ним. Добрая Клотильда по-прежнему настолько же резка и неуживчива со всем миром, насколько обожает своего мужа. Однако если обожание мешает мне, когда я являюсь его предметом, то оно глубоко досаждает мне, когда я являюсь всего лишь свидетелем его. Что касается до Мальтица, скучная жизнь, без круга общения, перевозбудила его нервы до крайней степени и он, при всей его доброте, порою бывает взбалмошным, как болезненный ребенок.

Тютчевой Эрн. Ф., 15/27 сентября 1841

66. Эрн. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 15/27 сентября 1841 г. Дрезден

Dresde. Ce 27 septembre

Ma chatte chérie. Il me semble qu’il y a des siècles que nous nous sommes quittés. Ah, quel ennuyeux plaisir que le voyage. Me voilà à Dresde depuis hier et je n’y suis venu que pour l’acquit de ma conscience. Hier cependant, en arrivant ici, j’étais dans une disposition tout à fait sentimentale et qui avait je ne sais quel air de rêve. Dresde est un endroit auquel je rattachais des souvenirs qui me sont bien chers et qui me sont devenus plus personnels que les miens propres. C’est ici que tu es née, et cette petite circonstance qui alors était si étrangère à ma destinée, devait en devenir tout le fond et à la même époque une autre existence, un autre passé… Mais trêve de souvenirs. Cela grise comme de l’opium et fait avorter une lettre dès le début. Ce qui a pu contribuer à me sentimentaliser, c’est la manière toute particulière dont le mouvement de la voiture à vapeur agace les nerfs… Mais voyons. Tâchons de prendre le ton narratif… J’ai quitté Weimar le 24, demandant mentalement pardon aux Maltitz d’avoir été injuste envers eux par l’effet de l’ennui — la veille encore ils m’ont fait dîner avec la belle-fille de Goethe qui, malgré sa laideur et ses boucles grises, et une dose passable d’affectation, m’a assez plu. Il est vrai que mes premières impressions sont presque toujours d’une indulgence extrême. Si elles avaient de la durée, cela tournerait à la charité.

A Leipsick je suis tombé dans un gouffre d’hommes, de boutiques, de marchandises. C’était la seconde semaine de la foire, c’est-à-d le moment de sa plus grande activité. Toutes les auberges pleines de monde, pas moyen d’obtenir un pauvre petit coin pour y reposer la tête. Je me disais à moi-même, en essayant d’imiter tes intonations, que j’étais le plus désorienté des petits. Enfin la Providence m’a pris par la main et m’a mené loger chez un maquignon. La même Providence quelques heures plus tard m’a fait rencontrer au plus fort de la bagarre Fr. Bothmer, revenant du Mecklenbourg et perdu, comme moi, au milieu de ce chaos. Comme il était aussi sans asile je l’ai conduit chez mon maquignon et lui ai généreusement cédé la chambre du Brochet. Et puis nous nous sommes mis à flâner de compagnie. Mais, pour ma part, je suis certainement l’homme le moins digne d’une foire. Cela me fait le même effet que produirait sur toi la lecture d’un livre de méthaphysique. Pour m’intéresser un peu à tous les objets que je regardais sans voir il m’aurait fallu l’intermédiaire de tes yeux; ah, que n’étais-tu là! Que j’ai maudit ma stupidité qui m’empêchait dans ce tas de marchandises de fixer, même en idée, un choix quelconque. Mais je sais bien ce que j’en vais faire. A mon retour je suis décidé à acheter la foire toute entière, je te l’apporterai. Alors tu pourras choisir à volonté.